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Une commission franco-camerounaise fait le point sur le passé colonial

Une commission mixte franco-camerounaise a commencé à examiner le rôle de la France dans le passé colonial et les années post-indépendance de la nation centrafricaine, un chapitre assombri par les effusions de sang et le silence.

Cette commission s’inscrit dans le cadre de la volonté du président français Emmanuel Macron d’établir une « nouvelle » relation avec l’Afrique.

Elle fait suite aux enquêtes ordonnées par Macron sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda, ainsi que sur l’ère coloniale et la guerre d’indépendance en Algérie.

La Commission mixte franco-camerounaise a été officiellement lancée à Yaoundé, la capitale camerounaise, vendredi.

Son champ d’action est « le rôle de la France au Cameroun dans la lutte contre l’indépendance et les mouvements d’opposition entre 1945 et 1971 ».

Elle est dirigée conjointement par l’historienne française Karine Ramondy et l’auteur-compositeur-interprète camerounais Blick Bassy.

Le Cameroun était un protectorat allemand avant d’être partagé entre la Grande-Bretagne et la France après la Première Guerre mondiale.

Le territoire administré par la France est devenu indépendant le 1er janvier 1960. La partie britannique a suivi en 1961, et une partie de celle-ci a fusionné cette année-là avec le Cameroun français dans une fédération.

En 1972, l’accord fédéral est abandonné au profit d’une seule République unie du Cameroun.

L’armée coloniale française a massacré les membres armés du parti hors-la-loi de l’Union des peuples du Cameroun (UPC), dont le leader indépendantiste Ruben Um Nyob.

Mais l’UPC a poursuivi sa rébellion après l’indépendance, et nombre de ses partisans sont morts sous le premier président postcolonial du pays, Ahmadou Ahidjo, un autoritaire qui a gouverné de 1960 à 1982.

Lors de l’annonce de l’initiative en juillet dernier, M. Macron avait promis que les archives de la France sur sa domination coloniale au Cameroun seraient ouvertes « dans leur intégralité ».

Mme Ramondy a déclaré à l’AFP que la décolonisation du Cameroun et la répression par la France sont « très peu mises en avant, surtout en France, où elles ne sont pas enseignées dans les écoles, contrairement à la guerre d’Algérie. »

Elle dirigera une équipe de 15 historiens des deux pays, tandis que M. Bassy supervisera la collecte de témoignages oraux au Cameroun.

La commission doit remettre ses conclusions d’ici à la fin 2024.

« L’un des défis de la commission sera de rendre (cette période de l’histoire) visible », a déclaré Mme Ramondy.

Outre l’accès aux archives françaises promis par Paris, la commission s’intéressera à la France « au sens large : civile, militaire, puissance économique, colons », a ajouté M. Ramondy.

M. Bassy a expliqué que son travail serait axé sur « les associations et les gens de terrain », saluant « l’aspect inédit de cet élément patrimonial et culturel. »

« Insultant »

La Commission a déjà essuyé les critiques du professeur Daniel Abwa, président de la Société d’histoire du Cameroun, qui critique la nomination de Bassy.

« On ne peut pas avoir un historien d’un côté et un chanteur de l’autre, c’est vraiment insultant », a-t-il déclaré à l’AFP.

Jacques Deboheur Koukam, directeur de la maison d’édition L’Harmattan à Yaoundé, qui a imprimé de nombreux ouvrages sur l’époque coloniale, a déclaré que la Commission manquait d’objectifs clairs.

« Qu’attendons-nous de cette démarche ? Intenter un procès, fournir des réparations ? » a-t-il demandé.

L’historien camerounais Jean Koufan Menkene, membre de la commission, a déclaré que son pays « a été incapable d’assumer sa propre histoire. »

D’autres s’interrogent sur la possibilité de mener des recherches dans un pays dirigé d’une main de fer pendant près de 40 ans par le président Paul Biya, et aux prises avec un conflit séparatiste meurtrier dans deux régions peuplées par la minorité anglophone du Cameroun.

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