La famille du journaliste camerounais Martinez Zogo, tué en janvier, affirme avoir reçu des menaces de la part de fonctionnaires soupçonnés d’être impliqués dans sa mort. Alors que les autorités enquêtent sur l’assassinat de ce journaliste et animateur de radio populaire, un débat s’est engagé entre les membres de la famille qui souhaitent son enterrement et d’autres qui insistent pour attendre que les résultats de l’enquête soient rendus publics.
Les restes mutilés de Zogo ont été retrouvés près d’un buisson à Yaoundé le 22 janvier, cinq jours après son enlèvement par des inconnus.
Son corps se trouve toujours à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé, tandis que l’enquête se poursuit. Certains de ses oncles et frères souhaitent qu’il soit enterré le 1er avril, mais la femme et les enfants de Zogo s’y opposent.
Lors d’une réunion qui s’est tenue mercredi à Yaoundé, la veuve de Zogo et certains de ses enfants ont déclaré qu’ils ne se laisseraient pas intimider par les menaces et les demandes.
L’avocat Calvin Djob, qui représente la famille, a confirmé que l’épouse et les enfants de M. Zogo avaient reçu des menaces de mort pour s’être distanciés du projet d’enterrement. Il a ajouté que certains membres de la famille et des amis avaient reçu des pots-de-vin de la part de fonctionnaires faisant l’objet d’une enquête pour qu’ils acceptent d’enterrer le journaliste avant que les résultats de l’enquête ne soient rendus publics. M. Djob a indiqué que l’épouse de M. Zogo avait clairement fait savoir que son mari ne serait pas enterré si les résultats de l’enquête ordonnée par le président camerounais Paul Biya sur la mort de M. Zogo n’étaient pas rendus publics.
Selon M. Djob, un tribunal de Yaoundé s’est prononcé la semaine dernière contre tout enterrement organisé sans le consentement de la veuve de M. Zogo, mais d’autres membres de la famille qui insistent pour que le défunt soit enterré ont fait appel de la décision du tribunal.
L’équipe de M. Zogo a déclaré que la veuve et les enfants du défunt journaliste ont été pris pour cible au moins trois fois au cours des deux derniers mois par des individus non identifiés.
La veuve du journaliste, Diane Zogo, a déclaré que lors d’un incident, les occupants d’une voiture qui la suivait se sont arrêtés à côté de son véhicule et ont ouvert le feu, détruisant le pare-brise. Les assaillants ont pris la fuite lorsque des témoins ont commencé à appeler à l’aide.
« Les fonctionnaires qui font l’objet d’une enquête pour le meurtre de Zogo pensent que la femme de Zogo, Diane, est en possession d’informations ou de documents susceptibles d’incriminer les fonctionnaires qui font l’objet de l’enquête », a déclaré Pierre Menye, un parent de Diane Zogo. « Diane Zogo et ses enfants ont besoin de protection, sans quoi ils risquent d’être réduits au silence par les fonctionnaires qui font actuellement l’objet d’une enquête pour le meurtre de Zogo.
Selon Mme Menye, le gouvernement camerounais n’a pas répondu aux demandes de protection de la famille Zogo par la police.
Les forces de police camerounaises reconnaissent avoir reçu des appels d’activistes pour protéger la famille. La police a déclaré à la chaîne publique CRTV que les autorités ont le devoir de protéger tous les civils.
La semaine dernière, Félix Zogo, secrétaire général du ministère camerounais de la communication, a nié toute implication dans l’organisation de l’enterrement de Martinez Zogo le 1er avril. Le communiqué précise que l’organisation des funérailles reste du ressort de la famille du défunt journaliste. Les deux hommes n’ont aucun lien de parenté.
Les autorités ont jusqu’à présent arrêté au moins 20 personnes en rapport avec l’assassinat, dont des officiers supérieurs des services de renseignement de la police et un magnat des médias bien connu, Jean-Pierre Amougou Belinga. Un ancien commandant de la garde présidentielle a également été arrêté.
Dans son émission de radio, Martinez Zogo a accusé Belinga et plusieurs ministres du gouvernement d’avoir planifié son assassinat pour avoir dénoncé leurs prétendues affaires de corruption qui, selon lui, ont ruiné l’économie camerounaise.
Les suspects sont détenus à la prison de haute sécurité de Kondengui à Yaoundé.
Le tribunal militaire de Cameron à Yaoundé, qui dirige l’enquête, indique que certains hauts fonctionnaires font toujours l’objet d’une enquête.
La législation camerounaise stipule que lorsqu’un crime est commis à l’aide d’armes et qu’il implique des militaires et des policiers, c’est un tribunal militaire qui mène l’enquête.
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