Médecins sans frontières (MSF), organisation caritative médicale internationale, a demandé au gouvernement camerounais de lever l’interdiction de fournir des soins médicaux gratuits et essentiels dans la région anglophone rétive du Nord-Ouest du pays, après avoir été bloquée il y a plus de six mois. Le gouvernement avait accusé MSF d’être trop proche des séparatistes de la région.
« C’est clairement infondé », déclare Emmanuel Lampaert, coordinateur des opérations de MSF en Afrique centrale, en parlant de la justification du gouvernement pour retirer à MSF l’autorisation de travailler dans la région.
« Quelles que soient les perceptions, les accusations ou les griefs, quel raisonnement peut justifier cette suspension permanente et ce coup porté à un soutien vital ? L’accès aux soins ne doit pas être refusé », dit-il à RFI.
Emmanuel Lampaert
En 2020, le nombre de personnes traitées souligne l’importance de leurs services gratuits dans la région du Nord-Ouest : Les équipes MSF ont assuré plus de 42 500 consultations médicales, réalisé près de 3 300 opérations chirurgicales et pris en charge au moins 4 400 patients qui avaient été orientés vers le service d’ambulance gratuit de MSF, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
« Notre centre d’appel pour les ambulances continue de recevoir des demandes d’urgence, qu’ils sont obligés de refuser », dit-il.
MSF est l’une des rares ONG médicales présentes dans la région, zone de conflit depuis fin 2017. Décrite comme la « crise anglophone », les combats ont démarré après des manifestations pacifiques d’enseignants et d’avocats à Bamenda, la capitale du Nord-Ouest du Cameroun. Les manifestations ont été violemment réprimées par les forces de sécurité camerounaises.
Ces manifestations ont été déclenchées par la colère suscitée par la marginalisation perçue de la majorité francophone au pouvoir, notamment en ce qui concerne l’utilisation du français dans les systèmes juridique et éducatif.
Suite à la répression violente des manifestations, certains séparatistes anglophones ont pris les armes contre les forces de sécurité et ont ensuite fait une auto-déclaration d’indépendance pour la soi-disant Ambazonie. Les combats se poursuivent entre les séparatistes et les forces de sécurité gouvernementales, avec des civils pris entre deux feux et des accusations de violations des droits de l’homme commises par les deux parties.