Des milliers de femmes camerounaises sont descendues dans la rue mercredi, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, pour protester contre le coût élevé de la vie. Le gouvernement attribue la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Des centaines de Camerounaises soufflent dans des trompettes et des sifflets dans les rues de Yaoundé, la capitale de l’État d’Afrique centrale, en criant et en dénonçant le coût élevé de la vie dans un contexte d’inflation galopante.
Les femmes disent qu’elles veulent que le gouvernement les aide à faire face aux augmentations de prix.
Suzanne Menanga est la coordinatrice de l’Union des consommatrices du Cameroun, qui a organisé la manifestation.
Elle explique que son groupe a manifesté à l’occasion de la Journée internationale de la femme parce que plus de 80 % des quelque 14 millions de femmes camerounaises sont au chômage ou gagnent des salaires très bas qui leur permettent difficilement de faire face à la hausse des coûts.
Selon elle, l’augmentation du salaire minimum de 60 à 68 dollars pour les travailleurs du secteur privé, prévue pour février 2023, et l’augmentation de 5,4 % des salaires des fonctionnaires n’ont pas amélioré les conditions de vie des Camerounais.
Menanga indique que l’inflation des prix des denrées alimentaires est passée de 25 % en 2022 à 40 % en 2023, ajoutant qu’il est difficile pour les familles d’acheter des produits quotidiens tels que le pain, le sucre, le poisson, le sel, le savon et l’huile végétale, dont les prix ont augmenté de 18 à 45 %.
Les femmes affirment que le salaire minimum des travailleurs du secteur privé devrait être porté à au moins 100 dollars. Le gouvernement devrait augmenter les salaires des fonctionnaires de 20 %, selon les femmes.
Le gouvernement affirme que des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes, dont Bamenda, Bafoussm, Ngaoudere et Ebolowa, mercredi.
Le ministre camerounais du commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, affirme que la guerre de la Russie en Ukraine a entraîné une augmentation des prix des produits de base dans le monde entier.
M. Atangana indique que le Cameroun, à l’instar de la Banque mondiale et de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), attribue aux perturbations causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie la forte inflation actuelle et la faible croissance économique dans les pays à revenu faible et intermédiaire qui dépendent fortement de l’Ukraine et de la Russie pour les céréales et les huiles végétales.
Selon lui, le Cameroun est l’un des nombreux pays à faible revenu où les prix élevés des engrais sont devenus un obstacle à la production alimentaire. M. Atangana estime que le Cameroun a de la chance de ne pas connaître de pénurie alimentaire.
M. Atangana a déclaré que les civils devraient apprendre à vivre avec les augmentations de prix. Il ajoute que les niveaux de vie sont affectés dans toute l’Afrique et qu’ils ne diminueront que lorsque la Russie mettra fin à son agression en Ukraine.
L’année dernière, le gouvernement camerounais a déclaré que le président Paul Biya avait ordonné le déboursement immédiat de plus de 15 millions de dollars pour la culture du blé et du riz dans l’État d’Afrique centrale.
Le gouvernement a demandé aux civils de consommer des aliments produits localement plutôt que des importations.
Les femmes disent qu’il leur est difficile d’obéir aux instructions du gouvernement pour mettre fin à la dépendance excessive à l’égard du riz, du maïs et des haricots importés, car une augmentation de 60 % du prix des engrais rend difficile la culture locale.
Le ministère de l’agriculture affirme avoir déjà dépensé un million de dollars en subventions pour les engrais depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février de l’année dernière.
La Journée internationale de la femme célèbre les réalisations sociales, économiques, culturelles et politiques des femmes. Elle constitue également un appel à l’action pour accélérer la parité entre les hommes et les femmes.
