Alors que la menace posée par la COVID-19 lors du plus grand tournoi de football d’Afrique suscitait des inquiétudes, le Cameroun, pays hôte, s’efforce de limiter sa propagation.
Pour de nombreuses personnes qui hésitent à se faire vacciner contre la COVID-19, les convaincre de prendre ces mesures salvatrices peut être un défi de taille. Pour d’autres, cela peut être aussi simple que de leur garantir l’accès à un match de football.
Claude Ekani, 28 ans, ne s’était pas fait vacciner contre la COVID-19 avant le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), le plus grand tournoi de football d’Afrique, organisé dans son pays, le Cameroun. Il s’est senti obligé de le faire après avoir réalisé qu’il ne serait pas autorisé à accéder au stade pour voir son équipe bien-aimée – les Lions indomptables du Cameroun – jouer le match d’ouverture. En effet, la vaccination contre la COVID-19 est l’une des conditions requises pour les supporters qui souhaitent entrer dans les stades pour voir jouer leur équipe.
« La décision du gouvernement d’encourager les personnes désireuses de se rendre dans les stades à se faire vacciner et à faire des tests était une bonne décision. Cela a permis d’augmenter la couverture vaccinale. »
M. Ekani
« Au départ, je ne voulais pas me faire vacciner, car je n’en voyais pas la nécessité, mais j’ai été testé et vacciné à temps pour aller au stade pour le match d’ouverture entre le Cameroun et le Burkina Faso. C’est une bonne initiative d’obliger les supporters à se faire vacciner ou tester, parce qu’ils peuvent facilement être infectés ou contaminer d’autres personnes. Cela permet de limiter la propagation et l’impact du virus. Mieux vaut prévenir que guérir. Le processus [test et vaccination autour du stade] se fait rapidement », explique M. Ekani.
La 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) a débuté au Cameroun le 9 janvier et se poursuivra jusqu’au 6 février. La fête du football africain est composée de 24 équipes nationales représentées par des joueurs issus de ligues du monde entier.
Étant donné que la compétition attire des milliers de joueurs, d’officiels et de supporters du monde entier, la menace que représente la pandémie de COVID-19 a fait l’objet d’un débat animé au cours de la période précédant la compétition.
Pour apaiser les craintes, le gouvernement camerounais, la Confédération africaine de football (CAF) et la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) ont élaboré un plan d’intervention sanitaire visant à minimiser la propagation de la COVID-19 pendant le tournoi. Les supporters ne pourront accéder aux stades que s’ils sont entièrement vaccinés et présentent un test PCR négatif effectué moins de 72 heures avant, ou un test rapide antigène négatif effectué moins de 24 heures avant un match.
« Les autorités sanitaires compétentes prendront toutes les mesures nécessaires pour faciliter la vaccination et la réalisation des tests COVID-19 sur tous les sites de compétition », ont-ils décrété dans un communiqué de presse commun. « En outre, dans un souci d’objectivité et de neutralité et en vue de garantir des mesures de confiance de part et d’autre, la CAF fera appel à un laboratoire indépendant internationalement reconnu pour tester les joueurs des équipes nationales qualifiées et leur encadrement. »
Les organisateurs du tournoi le considèrent comme « un important levier d’intégration, de paix et d’unité entre les Africains ».
Avec les mesures prises et un système cohérent mis en place, l’intention a toujours été d’éviter de faire peser une charge supplémentaire tant sur la population camerounaise que sur les participants et spectateurs visiteurs.
Dans leur déclaration, ils ont dit : « Nous pouvons même faire de cet événement un outil efficace de sensibilisation aux comportements à adapter pour lutter contre les virus COVID-19 en général. La CAN peut et doit promouvoir l’adhésion rigoureuse des participants et des supporters à toutes les mesures barrières connues et développées à ce jour pour lutter contre lesdits virus : lavage et désinfection des mains, éloignement physique, port correct du masque et vaccination. »
Le Cameroun devait initialement accueillir le tournoi d’un mois en 2021, mais il a été reporté à 2022 en raison de la pandémie.
Dans la perspective du tournoi, le 20 décembre 2021, le ministère camerounais de la Santé publique a lancé une grande campagne d’intensification de la vaccination contre la COVID-19.
À l’époque, Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique du Cameroun, avait déclaré : « La disponibilité des doses de vaccin et des tests de dépistage COVID-19 est suffisante ; environ 2 millions de doses de vaccins et 2,5 millions de tests PCR et RDT. Pendant cette période, la vaccination sera proposée dans tous les établissements de santé accrédités, les lieux publics, y compris les marchés, les chefferies, les églises/mosquées, les bureaux gouvernementaux et les entreprises. »
Il a ajouté : « Ces postes de vaccination seront également soutenus par des équipes de dépistage gratuit et massif de la COVID-19. En outre, pour faciliter l’accès aux vaccinations et aux tests, des postes de vaccination et de test permanents ont été mis en place dans tous les points de vente de billets de stade. J’appelle la population à adhérer à cette campagne spéciale de vaccination contre la COVID-19, en particulier la communauté sportive et celle du secteur de l’hébergement et des loisirs, afin d’éviter une résurgence des cas de COVID-19 après la compétition. »
Les experts de la santé sont convaincus que les protocoles sanitaires mis en place pourraient aider le pays à améliorer la portée de la vaccination.
« La décision du gouvernement d’encourager les personnes désireuses de se rendre dans les stades à se vacciner et à faire des tests était une bonne décision. Cela a permis d’augmenter la couverture vaccinale », déclare Wilfred Mbacham, virologue camerounais et président fondateur du Fobang Institute for Innovations in Science and Technology.
Wilfred Mbacham
Diverses délégations des 24 nations participantes ont salué les protocoles sanitaires mis en place pour briser la chaîne des infections au COVID-19 durant cette période.
« J’apprécie les protocoles COVID-19 ici. Bien que très stricts, ils sont bons », déclare Baboucarr Camara, directeur de la communication et du marketing de la Fédération gambienne de football.
Baboucarr Camara
L’équipe gambienne, qui participe pour la première fois à la Coupe d’Afrique des Nations, est au Cameroun avec une délégation de 154 membres. Cinquante d’entre eux sont des officiels et des joueurs, le reste étant des supporters.
« Notre délégation ne plaisante pas avec les protocoles sanitaires », explique Camara. « Nous portons toujours des masques. Quarante-huit heures avant chaque match, nous faisons des tests COVID-19. C’est une bonne chose, car cela permet de contrôler la propagation du virus. Nous veillons à ce que chaque membre de notre équipe ne partage pas sa chambre avec un autre. Les autorités camerounaises n’ont rien tenu pour acquis. »
Baboucarr Camara