Le Cameroun a rejeté un récent rapport de Human Rights Watch (HRW) accusant les forces de défense et de sécurité du pays d’abus dans la lutte contre les séparatistes de la région anglophone.
Le pays accuse l’organisme de surveillance d’avoir de l’aversion pour les militaires.
Dans une déclaration faite jeudi, le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Serge Atonfack Guemo, a déclaré que le dernier rapport du groupe de défense des droits basé aux États-Unis concernant les forces du pays d’Afrique centrale était « scandaleux et provocateur ».
Dans le rapport publié le 2 août, HRW accuse les militaires d’avoir tué des civils, commis des viols, détruit des maisons et des magasins, pillé, profané le palais d’un chef traditionnel et détruit des objets d’art dans la région du Nord-Ouest et du Sud-Ouest au cours des derniers mois.
« Affirmations infondées »
Le colonel Atonfack a rejeté ces allégations, affirmant que le groupe de défense des droits est connu pour son aversion envers les forces de défense et de sécurité du Cameroun et son soutien aux mouvements irrédentistes opérant dans certaines parties du pays.
Le porte-parole de l’armée camerounaise a déclaré que le rapport de lundi, « tout comme les précédents » concernant le pays, est un « énième fatras d’affirmations sans fondement ».
« Tout semble indiquer clairement que les multiples prises de position de HRW ne visent qu’à discréditer les forces de défense et de sécurité, engagées comme elles le sont dans l’accomplissement de leurs missions régaliennes », a déclaré le Col Atonfack dans le communiqué.
Il a cependant affirmé que cet « énième tour » du groupe de défense des droits n’affaiblira pas le moral des troupes qui « opèrent à travers le pays dans le strict respect des droits de l’homme et des peuples ».
Des milliers de morts
Le gouvernement du président Paul Biya, 88 ans, a répondu par une répression militaire en 2017 à une manifestation industrielle contre la marginalisation perçue des anglophones minoritaires dans le pays.
Depuis lors, de nombreuses milices se sont développées et se sont engagées dans un conflit sanglant avec l’armée, l’objectif étant de pousser à la sécession des anglophones et à la création d’un pays indépendant qu’ils veulent appeler Ambazonia.
Plus de 3 500 personnes ont été tuées, selon les organisations humanitaires, et plus de 712 000 ont été contraintes de fuir leurs foyers à la suite de ce conflit sanglant.
Plus de 67 000 autres personnes ont fui de l’autre côté de la frontière et vivent aujourd’hui comme des réfugiés au Nigeria en raison du conflit qui a figuré consécutivement en tête de la liste du Conseil norvégien pour les réfugiés des crises de déplacement les plus négligées dans le monde.
L’armée et les groupes armés non étatiques sont tous deux accusés d’atrocités dans ce conflit qui s’éternise et dont la fin ne semble pas en vue.