Le nouvel accord entre MTN et Flutterwave, une entreprise spécialisée dans les technologies de paiement, devrait permettre à un plus grand nombre d’Africains de recevoir de l’argent liquide sur leurs portefeuilles mobiles via MTN Mobile Money (MoMo), avec une expansion prévue au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Rwanda, en Ouganda et en Zambie.
Il y a quelques mois, l’entreprise de télécommunications Safaricom, célèbre pour son service Mpesa et d’autres offres numériques, a fait son entrée en Éthiopie. Aujourd’hui, son homologue régional, MTN, a signé un accord de partenariat avec Flutterwave qui permettra aux entreprises du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Rwanda, de l’Ouganda et de la Zambie d’effectuer des transferts de fonds via MTN Mobile Money (MoMo). Ces deux initiatives sont de grandes victoires pour l’inclusion financière en Afrique.
Cette initiative numérique devrait permettre à des millions de personnes non bancarisées dans ces pays d’accéder aux services financiers classiques et de soutenir les entreprises, en particulier dans les régions reculées.
L’accord entre MTN et Flutterwave fait suite à l’entrée de Safaricom en Éthiopie au début de l’année, lui donnant accès à un marché de plus de 110 millions d’abonnés potentiels.
Safaricom, la plus grande société de télécommunications d’Afrique de l’Est, se prépare au lancement commercial de ses activités en Éthiopie en 2022. Sa filiale dans ce pays a annoncé qu’elle investirait 8,5 milliards de dollars sur dix ans pour piloter la numérisation. L’entreprise vise à constituer une équipe de 1 000 employés d’ici juin prochain.
« Notre processus de recrutement en cours est intentionnellement guidé par la promesse d’un avenir numérique pour le peuple éthiopien », a déclaré la semaine dernière Anwar Soussa, directeur général de Safaricom Ethiopia.
MTN MoMo est une plateforme fintech fournissant aux particuliers et aux entreprises un porte-monnaie électronique, pour des services financiers sans contact comme les transferts et les paiements électroniques.
Son accord avec Flutterwave s’inscrit dans le cadre de la croissance explosive des systèmes d’argent mobile en Afrique, qui a fait du continent un leader mondial.
Plus important encore, il devrait stimuler l’inclusion financière pour ceux qui n’ont pas accès aux services bancaires classiques dans les pays susmentionnés. Selon Statista, l’argent mobile est devenu une activité importante pour les fournisseurs de télécommunications en Afrique.
Environ 144 fournisseurs d’argent mobile opèrent en Afrique, avec deux sociétés telles que M-Pesa, MoMo et Orange Money qui représentent une part importante du marché.
« M-Pesa, géré par Vodafone et Safaricom et présent dans sept pays, a connu une croissance importante ces dernières années. Le service a attiré 12 millions d’utilisateurs supplémentaires de 2017 à 2020, pour atteindre 41,5 millions d’utilisateurs d’ici à 2020″, indique le cabinet d’études. Les utilisateurs de M-Pesa ont effectué 12,2 milliards de transactions en 2020, générant 784,36 millions de dollars de revenus pour la société mère Safaricom ». MoMo – l’offre d’argent mobile de MTN Group – a connu une croissance similaire, atteignant 35,1 millions de clients actifs en mars 2020. »
Les estimations du FMI montrent que l’Afrique compte plus d’utilisateurs de services financiers numériques que toute autre région du monde, représentant près de la moitié des 700 millions d’utilisateurs individuels dans le monde.
En 2011, le niveau d’inclusion financière en Afrique était d’un peu plus de 23 % et a bondi à près de 43 % en 2017, porté par la croissance des services financiers numériques. Ce chiffre devrait être bien plus élevé aujourd’hui.
Selon la BAD, l’inclusion financière a connu une croissance spectaculaire ces dernières années, comme en témoigne le nombre de pays qui se sont engagés à respecter la déclaration de Maya et le plan d’action pour l’inclusion financière du G20, ainsi que les stratégies et les objectifs fixés par les différents gouvernements.
Le rapport économique 2020 du Kenya, réalisé par le Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis (Kippra), par exemple, montre que l’inclusion financière dans ce pays d’Afrique de l’Est a bondi à 82,9 % en 2020 – une croissance impressionnante par rapport aux 26,7 % enregistrés dix ans plus tôt.
Au Nigeria – un pays dont la population est estimée à plus de 211 millions d’habitants en 2021, le taux d’inclusion financière a enregistré une croissance constante, passant de 56,8 % en 2016 à 63,2 % en 2018 et devrait atteindre 70 % en 2020.
En RDC, les services d’argent mobile ont bondi de 16 % en 2017, faisant passer le taux d’inclusion financière global de 3,7 % à 26 % entre 2011 et 2017.
Pourtant, la population non bancarisée d’Afrique reste énorme, avec environ 350 millions d’adultes dépourvus de compte, dont 63 millions de Nigérians. En Éthiopie, 60 % de sa population adulte, environ 70 % de la population adulte de la RDC et 66,67 % de la population adulte de l’Égypte n’avaient pas de compte bancaire en 2017. Avec 43 % de pénétration des comptes bancaires, l’Afrique est à la traîne par rapport à la moyenne mondiale de 69 % et à la moyenne des pays en développement de 63 %.