Le 24 mai 2022, le géant suisse du négoce pétrolier Glencore a reconnu devant la justice américaine avoir versé près de cent millions de dollars de pots-de-vin à des fonctionnaires et agents publics dans huit pays du monde. En Afrique, l’objectif était d’obtenir et de conserver des contrats avec des entités publiques et contrôlées par l’État dans les pays d’Afrique de l’Ouest que sont le Nigeria, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la Guinée équatoriale.
Cameroun
Au Cameroun, des responsables de la National Hydrocarbons Corporation (NSH) ont été impliqués. Akere Muna, ancien président du barreau du Cameroun et ancien vice-président de Transparency International, a fait sensation en soumettant l’affaire à Dieudonné Massi, président de la Commission nationale anti-corruption (CONAC), pour enquête.
Le député de l’opposition, Joshua Osih, a envoyé une proposition de résolution au président de l’Assemblée nationale le 27 mai 2022 pour la création d’une commission d’enquête parlementaire sur cette affaire. Son collègue du Social Democratic Front (SDF) Jean-Michel Nintcheu a demandé l’ouverture « d’enquêtes approfondies par la Chambre des comptes et l’ANIF (Agence nationale d’investigation financière), rapporte Business in Cameroon.
Les responsables de la NSH ont cependant démenti ces accusations. Dans une déclaration du 30 mai 2022, le directeur général de l’entreprise, Adolphe Moudiki, a déclaré : « Nous tenons à informer le public national et international que NSH n’a absolument rien à voir avec de telles pratiques, qui sont strictement interdites dans notre règlement intérieur. » M. Moudiki a souligné que NSH a également demandé aux autorités américaines et britanniques de fournir des preuves attestant de la véracité des allégations. Il a promis d’informer le public « en temps voulu » de l’issue de la demande de NSH.
Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire en revanche, où Glencore a admis avoir soudoyé des fonctionnaires du secteur pétrolier pendant la présidence de Laurent Gbagbo, l’affaire est passée inaperçue.
Entre 2007 et 2010, des fonctionnaires de Glencore ont versé des pots-de-vin d’un montant total de 4 millions de dollars américains à des responsables du secteur pétrolier en Côte d’Ivoire. Selon le négociant suisse, ils ont réalisé 30 millions de dollars de bénéfices sur l’achat de cargaisons de pétrole. On ne sait pas quels fonctionnaires ont bénéficié de ces pots-de-vin. L’accord conclu avec les Etats-Unis ne le précise pas. Pour l’instant en Côte d’Ivoire, l’affaire n’émeut pas grand monde. Le gouvernement dit ne pas avoir été contacté par les Etats-Unis. L’affaire pourrait éventuellement faire l’objet d’une enquête des autorités ivoiriennes à l’avenir, selon une source gouvernementale dans un rapport de RFI.
Nigeria
En juillet 2021, un rapport du Premuim Times a expliqué comment un ancien négociant de Glencore Plc basé au Royaume-Uni, Anthony Stimler, a soudoyé des fonctionnaires au Nigeria en échange de contrats avantageux de la Nigerian National Petroleum Corporation, NNPC.
Stimler, agissant par l’intermédiaire de filiales de Glencore, a conspiré avec d’autres pour verser des millions de dollars américains en pots-de-vin à des fonctionnaires au Nigeria. L’ancien trader a plaidé coupable pour ce que les procureurs américains ont décrit comme son rôle dans un système de pots-de-vin – et Stimler a également admis avoir conspiré pour violer la loi sur les pratiques de corruption à l’étranger et commettre un blanchiment d’argent lors d’une audience devant le tribunal fédéral de Manhattan, menée par vidéo.
Plusieurs voix se sont élevées pour suggérer que les pays africains enquêtent sur ces pratiques. Ces cas ont été soulignés par Helen Clark, présidente de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), qui appelle la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la RD Congo et le Nigeria à examiner ces cas et à intervenir rapidement.